Voici une sélection des projets les plus appréciés par le jury.

 

Ce premier projet (d'Agathe Bély & Ulysse Rousselet) recourt à un système d'échafaudages existant pour constituer la structure du corps principal. Tout en assumant dans l'expression le caractère temporaire de cette installation, l'épaisseur des échafaudages autorise plusieurs usages (passerelles, plans de travail, etc.) qui contribuent puissamment à la versatilité de cet espace. Une autre qualité de ce projet est l'implantation générale : une ligne de rangements s'étend le long de la limite Est de la parcelle. D'une part, cela résout le problème de la relation difficile à la rue qui la borde, une voie transversale sans grand intérêt. Ensuite, cela redéfinit l'ensemble de la zone comme étant à partager avec les autres usagers du site, notamment ceux des ateliers à l'ouest. Enfin, ne pas toucher pas aux socles, seuls vestiges de l'activité minière elle-même, est sans doute une des meilleures manières de les gérer, vu les difficultés tant techniques que philosophiques qu'ont éprouvées tous les groupes dont le bâtiment englobe ces socles. En même temps, ces socles acquièrent ici une centralité qui les met en valeur, tout en invitant à leur appropriation par les usagers, au fil d'événements. La meilleure manière de leur offrir d'autres vies, sans doute.

 

Un second projet (Marco Rosato, David Teboul et Camille Vande Putte) investit le "quartier" du terrain opposé à l'ancienne maison du directeur, délimitant clairement une cour partagée avec les autres usagers du site, et un parvis d'approche du côté de la rue principale, la rue Vivegnis.

Le bâtiment se compose suivant le principe de petites boîtes dans une grande boîte, pour une variété d'échelles et d'usages. L'inclusion du socle historique central et le toit de l'une de ces boîtes rendu praticable complètent la diversité des sous-espaces. Tous ces niveaux différents sont reliés par une rampe, qui permet également l'accessibilité aux PMR. Finalement, un système de rideaux permet de partitionner les espaces, pour une versatilité étendue.

Ensuite, le volume principal cherche à assumer son caractère industriel, tant pour rappeler le passé du site que pour permettre le réemploi de structures démantelées ailleurs dans la région (en particulier des fermes métalliques de toiture). L'allusion industrielle devient alors un signe du futur qui s'invente ici, dans à la fois le prolongement et la mutation des activités passées.

Ensuite, la relation au contexte se polarise pour favoriser les vues vers l'avant et la maison de direction, vers la colline à l'arrière et, ponctuellement vers la cour. Les zones de fermeture se matérialisent par des murs en gabion. Ceux-ci sont remplis de déchets issus eux encore du démontage d'installations voisines. Avec un minimum de transformation, c'est ainsi encore la foi en une renaissance qui est exprimée au cœur du marasme. De plus, ces gabions contribuent au contreventement de l'ensemble de la structure.

Au niveau du toit, ce sont des plaques de polycarbonate qui délimitent de manière réfléchie des zones transparentes et translucides. 

 

Un troisième projet (Ibtissam Kheddoumi, Natacha Shamalirwa et Émilie Tournay) reprend une implantation similaire à la précédente, mais cette fois en englobant totalement le socle central. Partout ailleurs dans ce projet, on retrouve cette volonté de simplicité des formes. En laissant ainsi aux bâtiments existants sur le site la palme de l'expressivité, ce projet parvient à s'insérer parmi eux de manière discrète et respectueuse, invitant à la complémentarité. Pour autant, cette modestie est combinée avec un travail poussé de modulation au niveau de l'éclairage naturel et des relations visuelles avec les divers éléments du site. Avec beaucoup de finesse, est ainsi offert un espace qui veille à être fonctionnel et agréable, tout en restant ouvert à de multiples dispositions d'occupation. De même, la structure, qui donne au bâtiment sa forme générale, est bien reprise d'un catalogue standard mais évite les références industrielles immédiates, préférant un modèle asymétrique, plus à même de matérialiser ces interrelations ciselées, ainsi que d'exprimer le détournement du site vers sa nouvelle vocation artistique. Enfin, une zone extérieure abritée étend l'usage de la cour aux jours maussades. Un mot caractérise l'ensemble de la démarche : la justesse. 

 

Contrairement aux projets précédents, celui-ci (Thomas Augier, Ambroise Crevecoeur et Marina Denis) réutilise les socles, réactualisant leur fonction passée. Cela permet aussi de ne pas devoir créer de nouvelles fondations pour ce bâtiment temporaire, et de le signifier visuellement, en ne touchant pas le sol. L'intervention reprend ainsi l'orientation de l'ancienne rampe à charbon, tout en soulignant ce qui a changé entre-temps : la colline n'est plus visée comme source du charbon, mais comme vue verte. L'intégration paysagère passe aussi par un toit végétalisé, dont la capacité d'isolation thermique est de plus appréciable pour une structure métallique. Cette dernière est exploitée pour l'expression architecturale, assumant l'asymétrie engendrée par la répartition irrégulière des appuis et des charges. L'aspect high-tech qui en découle est à la hauteur de l'ambition du programme. Les profilés sont récupérés du démantèlement d'usines dans la région. Dans ce projet, le dialogue entre le passé et la contemporanéité est permanent.